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Une session de formation en vidéo documentaire légère en Irak… un « générique »

 

jeudi 25 novembre 2010, par Dominic Morissette

Quelques passages et photos de la « Chronique d’Erbil » du photographe Dominic Morissette. Chronique tirée d’une session de formation sur la video documentaire légère à Erbil (Irak), entre octobre et novembre 2010. Ce projet a été financé par Aternatives, en partenariat avec le réseau irakien Iraqi Democratic Future Network (IDFN), Amorces et l’Assemblée européenne des citoyens en France, dans le cadre d’un programme financé par la Commission européenne.

Quelques passages de la « Chronique d’Erbil », publiée dans le « Carnet de notes de Dominic Morissette »,

« Vue de ma chambre, Erbil, 30 octobre 2010 »

« Erbil, Irak, 30 octobre - Erbil est une ville construite en plein désert, au milieu de nulle part, sans rivière, ni montagne. Sur une terre aride et ocre. À vol d’oiseau, l’agriculture dans les environs semble presque inexistante, sauf pour les rares petites parcelles irriguées. De ce même point de vue, la couleur fortement dominante de la ville est le gris béton.

La route de l’aéroport vers le centre-ville ne trompe pas : il y a ici un certain boom économique. On le voit aux nouvelles bâtisses, mais surtout au nombre de voitures neuves et de luxes qui circulent. »

« Erbil, 1er novembre 2010 »
« Erbil, 1er novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 1er novembre – L’atelier prend son rythme : au deuxième jour de six, nous avons commencé à travailler avec la caméra. Deux caméras, deux équipes. L’une est restée avec moi pour regarder certains détails techniques. Les membres de l’autre équipe filment la formation en cours. (...) Demain, nous poursuivons avec une introduction au montage avec Final Cut Pro… Un défi ! »

« Erbil, 1er novembre 2010 »
« Erbil, Irak – En fin de journée, j’ai eu la chance de me promener une petite demi-heure avant que la nuit ne tombe, avec trois jeunes participants. Eux aussi ne connaissent pas beaucoup la ville. Ils viennent de Bagdad, comme la plupart.
D’ailleurs, pour les gens d’Erbil, ici nous sommes au Kurdistan. Il y a donc l’Irak et le Kurdistan. Deux entités.
Et si je comprends bien, jusqu’à récemment, la frontière entre les deux régions était surveillée et il fallait un « visa » pour la traverser. Interdis de se rendre à Bagdad pour les Kurdes et à Erbil pour les Irakiens.
Donc les jeunes découvrent la ville en même temps que moi. Ils doivent s’informer aux passants pour connaître la direction. Mais ils doivent aussi trouver quelqu’un qui parle arabe. Cela est, en quelque sorte, le résultat de vingt années de séparation formelle (depuis la première guerre du Golf en 1990) : la nouvelle génération de Kurde ne parle pas tout arabe. »
« Erbil, 1er novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 1er novembre – En fin de journée, j’ai eu la chance de me promener une petite demi-heure avant que la nuit ne tombe, avec trois jeunes participants. Eux aussi ne connaissent pas beaucoup la ville. Ils viennent de Bagdad, comme la plupart.

D’ailleurs, pour les gens d’Erbil, ici nous sommes au Kurdistan. Il y a donc l’Irak et le Kurdistan. Deux entités.

Et si je comprends bien, jusqu’à récemment, la frontière entre les deux régions était surveillée et il fallait un « visa » pour la traverser. Interdis de se rendre à Bagdad pour les Kurdes et à Erbil pour les Irakiens.

Donc les jeunes découvrent la ville en même temps que moi. Ils doivent s’informer aux passants pour connaître la direction. Mais ils doivent aussi trouver quelqu’un qui parle arabe. Cela est, en quelque sorte, le résultat de vingt années de séparation formelle (depuis la première guerre du Golf en 1990) : la nouvelle génération de Kurde ne parle pas tout arabe. »

« Erbil, 4 novembre 2010 »
« Erbil, 4 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 3 novembre – Hier en soirée, je me suis couché avec les nouvelles de la journée : une série d’explosions dans plusieurs quartiers chiites de Bagdad ; les démocrates de Barack Obama allaient certainement perdent les élections de mi-mandat – d’ici, cela n’a aucune importance, ou plutôt très peu d’intérêt : Obama ou quelqu’un d’autre est du pareil au même, me dit-on. (...)

Pour mon quatrième jour d’atelier, le tôt d’absentéisme est plus élevé. À part l’un des participants qui est malade, on m’explique : « Shawqi est parti d’urgence à Bagdad parce que l’un des ces frères a été blessé lors des attentats d’hier ».

Bagdad n’est jamais très loin.

D’ailleurs, à la suite de la prise d’otage dans une église de la capitale dimanche soir dernier, et au carnage qui a suivi (qui a fait 53 morts), les participants aux ateliers ont aussi été touchés directement. Au moins deux d’entre eux sont chrétiens, dont Alaa qui participe à mon atelier de vidéo. Il me raconte que cette église est située tout près de celle qu’il fréquente. Il ajoute : " Déjà les chrétiens de Bagdad ne se sentaient pas très bien parmi toutes ces violences entre chiites et sunnites, mais là, ça va être pire. Depuis le début de tous ces troubles, les chrétiens n’avaient jamais été la cible directe. Bien entendu, on ne peut exclure les morts dus aux attentats suicides, mais là, c’est nous qui étions visés. Que vont faire les chrétiens de Bagdad ? Vont ils fuirent pour Erbil pour ensuite s’exiler ailleurs ? Ce serait trop triste. Pour rien au monde, je ne veux quitter Bagdad que j’aime. "

Si cela arrive, les chrétiens de Bagdad viendront rejoindre d’autres minorités religieuses qui ont du quitter les violences de la capitale et de différentes régions du sud comme les mandéens et les yezidis. Erbil reçoit depuis quelques années, un nombre croissant de nouveaux habitants, des gens qui fuient les combats et les attentats. Ce qui explique aussi, certainement, la croissance rapide de la ville. »

« Erbil, 4 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 4 novembre – Depuis hier, nous tournons et montons en parallèle. Le groupe est divisé en deux. Nous visionnons les rushes et les assemblages au fur et à mesure. Cela nous permet de nous lancer dans de nouveaux exercices. »

« Erbil, 5 novembre 2010 »
« Erbil, 5 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 5 novembre - Temps libre et thé au souk ».

« Souk d’Erbil, à l’heure de la prière, 5 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 5 novembre – C’est aujourd’hui qu’a pris fin notre atelier. Six jours pour en voir beaucoup. Trop ? Peut-être. Mais cela leur a tout de même donné un bref aperçu des différentes composantes et étapes dans la production d’une vidéo documentaire légère tout en pratiquant. Du moins, c’est l’objectif que je m’étais fixé au départ.

D’ailleurs, quelle n’a pas été ma surprise ce matin quand j’ai appris et surtout visionné la production de l’une des deux équipes. Trois jeunes qui n’avaient jamais touché à un logiciel de montage, ont réussi à organiser et assembler un petit cinq minutes où trois entrevues ont été réduites à leur essence et illustrées avec des images de l’autre atelier qui avait cours en même temps que le mien. De plus, ils ont ajouté deux séquences où l’on voit et entend le jeu de rôle auquel les participants se livraient.

Ce matin, il ne manquait que le titre et le générique que nous n’avions pas encore vu. Ils les ont faits. Je leur ai demandé la permission de faire une copie de leur réalisation pour rapporter à Montréal. Ils étaient bien contents de la demande.

Nous sommes ensuite partis au souk pour nous promener et y faire quelques achats. Ce soir, nous nous organisons une fête dans l’une des chambres. Au menu, ils ont choisi du poisson grillé et des salades. C’est une « tradition » quand ils boivent, m’ont-ils dit. J’ai hâte de voir : sans table, ni assiettes, ni ustensiles !

Demain, ils retourneront à Bagdad et pour moi, en fin de journée, commencera mon long retour vers ma petite fille et ma blonde. »

« Erbil, 6 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, Mon dernier jour à Erbil, je suis retourné au souk — marché public en arabe, bazar en perse — le temps de quelques achats et photographies, d’un repas de brochettes au cœur du marché couvert et d’un thé…

La citadelle d’Erbil est construite sur une colline. Mais au dire de Mohammed, mon traducteur qui m’accompagne, cette colline est plutôt un amas de ruines d’anciennes civilisations et de forteresses. Un peu comme Troie ? lui demandais-je. Et pour preuve ? « Regarde ici et là, de vieilles briques ressortent du sol. »

Une trop courte recherche sur internet n’a pu me confirmer ces dires. Je trouve toutefois qu’Alexandre le Grand aurait gagné, ici même, une importante bataille contre les Perses. Comme quoi il est vrai que la fondation de cette ville remonte à des temps bien anciens. »

« Erbil, 6 novembre 2010 »

« Erbil, Irak, 6 novembre – En temps normal, ces jours-ci, il faut compter cinq heures pour faire la route entre Erbil et Bagdad. Les jeunes de mon atelier devaient partir autour de 11 heures, avec un véhicule qui venait de Bagdad. Il fait l’aller-retour dans la même journée.

Mais sur le chemin, le chauffeur a été ralenti à cause d’un attentat à Mossoul. Il est arrivé pour prendre les jeunes qu’à 14 h 30.

Ils ne semblent pas trop nerveux de voyager si tard vers Bagdad et surtout de devoir faire une bonne partie de la route après la tombée du jour. « Si nous sommes chanceux, nous arriverons vers 19 h 30. Mais je ne serais pas surpris que ce soit plutôt autour de 21 h. Ces derniers jours, la sécurité est redevenue très incertaine. »

Et l’attentat à Mossoul ? « C’était ce matin, il n’y a plus de problème (sic !) ». Je leur ai souhaité un voyage sans difficulté et sans encombre. »

« Erbil, 6 novembre 2010 »

« Je termine mon film 120 avec cette photo. Au moment où je cherchais mon cadre et ai appuyé sur le déclencheur, un policier et quelques militaires m’ont interpelé à grands cris. Quelques secondes de stress se transforment en quelques minutes… Voyant que je ne comprends pas arabe, ni kurde, on me parle en onomatopée, en fessant « Boum ! Boummm ! » avec la voix et les bras, tout en désignant mon appareil.

Un des soldats, plus agés, me pointe du doigt : « Turk ? Turk ? » « No, no, Canada ! » mon passeport à la main.

Ils devaient me demander ce que je photographiais, j’ai fait un geste en direction de l’intersection. Ils voulaient voir la photo, mais ont rapidement remarqué que mon appareil n’avait pas d’écran. Ils l’ont regardé dans tous les sens. J’espérais qu’ils ne l’ouvrent pas. Mon passeport étranger m’a certainement aidé. Heureusement. Je suis reparti quelques minutes après.

J’ai rangé mon appareil dans mon sac, auprès des autres films que je comptais bien utiliser. Je suis allé m’acheter une bière, suis retourné à l’hôtel et quelques deux ou trois heures plus tard, je commençais mon long retour vers la maison.

C’était donc la fin de mon – premier ? – voyage en Irak. »

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