18.11.2010 | Almoslim.net
Sur le plan ethnique, la société irakienne est faite d’un mélange d’Arabes, de Kurdes et de Turkmènes, alors que, sur le plan religieux, elle se compose de sunnites, de chiites et de divers groupes confessionnels minoritaires. Durant la guerre Iran-Irak, dans les années 1980, les divisions sunnites-chiites se sont creusées. Cette période a vu émerger trois courants parmi les chiites : un premier qui fait entièrement allégeance à l’Iran (par exemple, le Conseil supérieur islamique irakien), un deuxième qui s’y soumet un peu moins et un troisième qui demeure indépendant.
On sait qu’un mensonge inlassablement répété finit par acquérir valeur de vérité. Cela s’applique à ce qu’on raconte sur les chiites d’Irak, car ceux-ci gonflent les chiffres les concernant afin de faire croire qu’ils représentent une part beaucoup plus importante de la population irakienne que le nombre qu’ils sont en réalité. En fait, on ne dispose d’aucun chiffre certain, ni en valeur absolue ni en pourcentage. Selon le recensement de 1997, dont les résultats ont été communiqués aux Nations unies, les sunnites forment près de 66 % de la population, contre 34 % pour les chiites. Ce sont des chiffres officiels. Que ceux qui disent autre chose le prouvent !
Soutiens financiers
Les exagérations chiites furent manifestes en 2003, lorsque certains leaders ont affirmé que “7 millions de personnes” s’étaient réunies à Karbala [ville sainte chiite]. Pas moins ! Or les agences de presse parlaient d’“environ 2 millions”. Quoi qu’il en soit, dans ce pays où certains ne trouvent pas de quoi manger, les millions coulent à flots pour les chiites qui font allégeance à l’Iran. Les husseinyats [nom donné par les chiites aux lieux de prière dédiés à l’origine aux rituels d’Achoura, d’après le nom d’Al-Hussein, petit-fils du Prophète et fils d’Ali] sont décorées de tapis de belle qualité, et les repas et médicaments y affluent en provenance d’organisations de secours, en premier lieu koweïtiennes, en second lieu iraniennes. Quant aux chiites qui refusent de faire allégeance à l’Iran, ils sont beaucoup moins bien dotés.
Les dons des organisations caritatives saoudiennes, les chiites n’en veulent pas. Ils considèrent que tous les livres, cassettes et corans qui sont envoyés à partir du Golfe proviennent de leurs ennemis jurés, les wahhabites. Cette impression est renforcée par la bataille qui fait rage sur Internet entre intégristes sunnites et chiites, pour la plus grande satisfaction des Américains. C’est pour cela qu’on a décidé de faire passer les aides par le Croissant-Rouge irakien. Or celui-ci était jadis sous la coupe de Saddam Hussein, ce qui fait que les gens ne lui font pas du tout confiance.
Quant aux Américains, ils cherchent à écarter les pro-iraniens des centres de décision et à attirer les chiites qui ne sont pas pro-iraniens en leur permettant d’occuper des postes dirigeants. Restent les Arabes sunnites. Ils forment aujourd’hui le groupe le plus faible. Personne ne les aide et personne ne les a pris sous son aile. Leurs troupes sont nombreuses, mais dépourvues d’argent et incapables d’agir. Même les chaînes satellitaires leur font faux bond. Leurs hommes de religion n’ont pas reçu de salaire depuis des mois et leurs prédicateurs n’ont plus de quoi manger depuis qu’on les a chassés de leurs postes. Soutenir ces imams est urgent puisque ce sont eux qui gèrent la vie dans les quartiers. Les sunnites ont grandement besoin de soutiens financiers aussi pour améliorer leurs mosquées, actuellement dotées de simples nattes en paille et n’ayant même pas l’eau courante nécessaire pour les ablutions. A cela s’ajoute un contexte particulier : les forces d’occupation américaines veulent réunir quelque quatre cents personnes pour administrer le pays et dessiner l’avenir du pays. Cela exige qu’on se mobilise afin de placer certaines personnes à des postes stratégiques. Si la situation financière des sunnites reste telle quelle, leur part risque d’être des plus faibles, réduisant d’autant leur capacité d’influence. Ils ont beau être nombreux, soudés et – grâce à Dieu ! – épargnés par les luttes intestines entre chefs, il n’en reste pas moins qu’une armée est faible si elle n’a ni moyens ni généraux.
Système de coupons
Après avoir démantelé le régime de Saddam Hussein, les Américains ont été surpris par la puissante révolte apparue à Bagdad et dans les autres villes sunnites. Quoi d’étonnant ? Les gens étaient privés d’eau, d’électricité et de salaires, ne trouvaient pas de travail pendant des mois, ni d’autres moyens de subsistance. Afin d’alléger la pression, les Américains ont distribué des vivres selon le même système de coupons qui existait sous le régime de Saddam Hussein. Pour autant, les problèmes de distribution d’eau et d’électricité ne sont pas réglés.
Source : Courrier International